Une étude inédite sur la perception des salariés seniors en entreprise

Une étude inédite sur la perception des salariés seniors en entreprise

L'Ocirp présente une étude sur les seniors au travail pour mieux comprendre les représentations et agir durablement.

Alors que le vieillissement de la population active s’impose comme un défi majeur pour les entreprises et la société, l’OCIRP et l’Institut méditerranéen des métiers de la longévité (i2ml) de l’Université de Nîmes ont mené une étude inédite sur la perception des salariés seniors en entreprise. Les premiers résultats livrent un éclairage précieux sur les stéréotypes, les attentes et la place réelle des seniors au travail.

Agir contre la mise à l’écart et pour la cohésion intergénérationnelle

Assureur de risques longs (veuvage, aidance, handicap, maladies redoutées, dépendance), l’OCIRP, union d’institutions de prévoyance à but non lucratif et à gouvernance paritaire, agit pour le maintien d’une vie autonome tout au long de la vie. Face à la rupture du lien social et à la mise à l’écart de nombreux seniors, l’enjeu est clair : favoriser l’emploi, préserver les relations humaines et lutter contre les discriminations liées à l’âge.

C’est dans cet esprit que l’OCIRP, convaincu que le dialogue social doit aussi s’exercer sur les questions de vieillissement et d’emploi des seniors, a mobilisé des partenaires sociaux pour relayer cette étude scientifique construite avec l’i2ml. Deux questionnaires ont ainsi été diffusés de fin août 2024 à avril 2025 afin de mieux cerner la perception des salariés seniors en entreprise.

Une étude pour déconstruire les représentations du salarié senior

L’étude s’appuie sur une cohorte de 329 participants issus du secteur privé. L’âge moyen des répondants est de 54 ans, ce qui reflète autant la nature du sujet qu’un certain biais générationnel : les premiers concernés sont aussi les plus mobilisés. 17 % sont proches aidants, 12 % ont récemment changé de métier et 12 % envisagent une reconversion prochaine.

Les répondants situent l’entrée dans la catégorie des « salariés seniors » à 54,4 ans – un seuil consensuel, sans distinction d’âge, de genre ni de secteur d’activité. Leurs trois principales attentes de formation concernent l’informatique et les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle et la préparation à la retraite.

Pour les plus jeunes répondants, seront mises en avant les formations en lien avec le savoir être, la posture professionnelle.

Mais l’étude révèle aussi une méconnaissance des dispositifs dédiés aux seniors : 60 % des répondants déclarent qu’il n’en existe pas dans leur entreprise, et 12 % ne savent pas s’il y en a. Les plus de 55 ans sont d’ailleurs les plus nombreux à estimer

qu’aucun dispositif ne leur est destiné – un signe que l’existence ou la communication de ces dispositifs reste largement insuffisante.

Cohésion d’équipe et stéréotypes : des écarts entre le perçu et l’implicite

Sur l’échelle Likert (de 1 à 7), la cohésion d’équipe affiche un score moyen de 4,76 ce qui traduit une perception globalement positive. Cette cohésion est plus forte chez ceux qui identifient des dispositifs seniors dans leur entreprise, mais plus faible chez ceux qui envisagent une reconversion. Les salariés qui se reconnaissent eux-mêmes comme « seniors » perçoivent également une cohésion moindre, comme si le sentiment d’appartenance se diluait avec l’âge.

Sur le plan des stéréotypes, 72 % des qualificatifs positifs (« rigoureux », « organisé », « expert ») sont associés aux seniors, alors que 61 % des adjectifs négatifs attribués aux plus jeunes. Mais l’analyse implicite, basée sur une mesure de rapidité informatique, révèle une tendance plus négative vis-à-vis des seniors : ce qui est déclaré positivement ne se traduit pas toujours dans les représentations profondes.

Vers une société plus inclusive face au vieillissement

Les enseignements de cette première phase ouvrent des perspectives concrètes : dès octobre, approfondir les résultats par des entretiens et coconstruire des solutions adaptées à chaque secteur, puis mesurer leur impact d’ici 2027. Les objectifs sont clairs : améliorer les dispositifs existants, favoriser le “mieux vieillir en activité” et renforcer la cohésion intergénérationnelle.

Pour l’OCIRP, il s’agit d’un engagement durable : faire du vieillissement une opportunité sociale et professionnelle, et non un facteur d’exclusion. Car derrière cette étude, un enjeu universel se dessine : agir collectivement sur un sujet qui nous concerne tous - le temps qui passe et la place que nous continuons d’occuper dans la société.